Les talibans se sont chargés du déménagement. Le 25 mars, une file de camions s’est garée devant la résidence de Gulbuddin Hekmatyar, 76 ans, l’un des plus vieux chefs de guerre afghans, dans le quartier de Darulaman, à Kaboul. Il était prévenu. Trois jours plus tôt, un représentant du ministère de la Justice et deux responsables du GDI (General Directorate of Intelligence), les services de renseignement talibans, lui avaient signifié qu’il devait partir, que son expulsion ne pouvait plus être retardée. Le chef de guerre islamiste, longtemps l’un des plus redoutés du pays, n’a pas pu dire non. Il a été relogé à Wazir Akbar Khan, dans le centre de Kaboul, que l’on appelait «zone verte» lorsque l’Otan était encore présent.
Le «boucher de Kaboul»
Hekmatyar, chef du Hezb-e-Islami, n’est pourtant pas un ennemi des talibans. Il a même été leur allié de fait lors de l’insurrection contre les forces américaines et de l’Otan. C’est lui qui a revendiqué l’embuscade du 18 août 2008 dans laquelle dix soldats français avaient été tués dans le district de Saroubi, à l’est de Kaboul, l’un de ses fiefs.
Pachtoune, originaire de Kunduz (nord), il a plusieurs surnoms, dont celui de «boucher de Kaboul» acquis lors de la guerre civile du début des années 90. Hekmatyar était alors Premier ministre et combattait les forces