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Libération
Reportage

A Khartoum au Soudan, dans les interstices de la guerre, la vie malgré tout

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Guerre civile au Soudandossier
Soignants, cuisiniers bénévoles, techniciens… des civils ont fait le choix de rester dans la capitale soudanaise, dévastée par vingt mois d’affrontements, pour empêcher son effondrement total.
Une carcasse de char dans les rues dévastées par les combats d'Omdourman, à l'ouest de Khartoum, le 22 avril 2024. (IVOR PRICKETT/The New York Times/Redux -REA)
publié le 10 janvier 2025 à 20h16

L’armée a frappé trois coups rapprochés, comme au théâtre, pour réveiller Khartoum à 4 heures du matin, samedi 14 décembre. Le vent frais qui balaye la cité, deux heures avant le lever du couvre-feu, porte le bruit des canons. Bande-son ordinaire de la capitale soudanaise. Avant 7h30, une quarantaine de détonations ont déjà ébranlé la ville. Ce jour-là, les combats qui opposent les soldats des Forces armées soudanaises (SAF) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) depuis vingt mois se déroulent à Bahri, la partie nord de l’agglomération, sur la rive droite du Nil.

A Omdourman, sur la rive gauche, un semblant de normalité s’obstine à subsister dans de rares quartiers, comme à Karari, où les vendeuses de café, de thé ou de beignets installent leurs tabourets en plastique au coin des rues. Les magasins ouvriront bientôt. Il y aura même davantage de clients qu’avant la guerre puisque Karari, seul territoire de la ville à être resté en permanence sous contrôle de l’armée nationale, a attiré des dizaines de milliers de déplacés fuyant les combats, les destructions ou les exactions des combattants.

Minibus pulvérisé

La ligne de front a beau être à plusieurs kilomètres, il arrive qu’une bombe tombe du ciel, semant la mort au hasard. C’est ainsi que quatre jours plus tôt, un minibus qui