L’armée a frappé trois coups rapprochés, comme au théâtre, pour réveiller Khartoum à 4 heures du matin, samedi 14 décembre. Le vent frais qui balaye la cité, deux heures avant le lever du couvre-feu, porte le bruit des canons. Bande-son ordinaire de la capitale soudanaise. Avant 7h30, une quarantaine de détonations ont déjà ébranlé la ville. Ce jour-là, les combats qui opposent les soldats des Forces armées soudanaises (SAF) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) depuis vingt mois se déroulent à Bahri, la partie nord de l’agglomération, sur la rive droite du Nil.
Editorial
A Omdourman, sur la rive gauche, un semblant de normalité s’obstine à subsister dans de rares quartiers, comme à Karari, où les vendeuses de café, de thé ou de beignets installent leurs tabourets en plastique au coin des rues. Les magasins ouvriront bientôt. Il y aura même davantage de clients qu’avant la guerre puisque Karari, seul territoire de la ville à être resté en permanence sous contrôle de l’armée nationale, a attiré des dizaines de milliers de déplacés fuyant les combats, les destructions ou les exactions des combattants.
Minibus pulvérisé
La ligne de front a beau être à plusieurs kilomètres, il arrive qu’une bombe tombe du ciel, semant la mort au hasard. C’est ainsi que quatre jours plus tôt, un minibus qui