Le mois dernier, l’entrée de l’armée malienne à Kidal, après dix années de contrôle de la ville par les mouvements armés autonomistes du Nord, a été célébrée dans les rues de Bamako. Ce retour, décrit comme un tournant dans la crise que traverse le Sahel, marque surtout «l’enlisement dans une stratégie du tout-militaire qui ne peut pas fonctionner au long cours», selon Anne Savey, spécialiste de la médiation, qui suit les dynamiques de conflit et soutient les efforts de paix au Mali depuis 2012. Elle revient sur les conditions de cette victoire, avant tout politique, pour la junte malienne, et ses conséquences.
Le 14 novembre, l’armée malienne est entrée à Kidal. Qu’est-ce que cela représente à Bamako ?
La question de la reprise de Kidal était un sujet de crispation depuis des années, avant même le coup d’Etat de l’été 2020 [qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, ndlr]. Dans l’opinion publique, s’était cristallisée l’image, très symbolique, du drapeau national devant flotter dans cette ville du Nord. En réalité, l’accord de paix signé à Alger en 2015 avait déjà p