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Libération
Reportage

A Mariam Shewito, «des soldats érythréens ont demandé : “Toi ou ta fille ?” puis ils ont tiré sur les deux»

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A quelques jours de la signature de l’accord de paix de Pretoria en novembre, le village du Tigré a été le théâtre d’une dernière bataille effroyablement meurtrière, pour les belligérants comme pour les civils.
Les prêtres de l'église orthodoxe de Mariam Shewito, dans le cimetière du village, le 22 février. (Célian Macé)
publié le 13 mars 2023 à 20h40

A Mariam Shewito, la guerre a chamboulé les pierres. Sur les flancs râpés des montagnes, dans les champs des paysans, dans les murs épais des fermes : ici, la rocaille est partout. A l’entrée de la vallée, les combattants tigréens ont provoqué des éboulements de rochers pour barrer les routes. Sur les hauteurs, des murets de 50 centimètres en forme de fer à cheval ont été montés pour abriter des tireurs. Les villageois ont bouché les ouvertures des maisons avec des cailloux, après s’être fait piller leurs portes et leurs fenêtres. Des tas de pierre se sont formés jusque dans les replis des collines. Ils marquent l’emplacement des tombes – souvent collectives. Des branches épineuses les recouvrent pour empêcher les charognards de déterrer les cadavres.

Mariam Shewito et ses alentours ont été le théâtre de la dernière grande bataille de la guerre du Tigré, du 22 au 29 octobre. Quatre jours plus tard, un accord de paix était signé à Pretoria, en Afrique du Sud, entre le gouvernement fédéral éthiopien et