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Reportage

A Minova assiégée et bombardée, la funeste «musique» du conflit congolais

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Libé Afriquedossier
Face à l’avancée des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, la ville de Minova résiste tant bien que mal, entre manque d’aide du gouvernement congolais et afflux sans fin de blessés et déplacés.
Dans la rue principale de Minova, au Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 7 mai 2024. (Philémon Barbier/Hors format pour Libération)
publié le 11 mai 2024 à 13h52

Un trait orangé, suivi d’un bruit assourdissant, perce le ciel. La paisible Minova tressaille… un instant seulement. Chaque jour, quelle que soit l’heure, les habitants de cette cité portuaire de l’est de la République démocratique du Congo lèvent leurs yeux inquiets vers les collines verdoyantes de la province de Sud-Kivu, d’où jaillissent les roquettes de l’armée congolaise, avant de reprendre le cours normal de leur vie. «C’est notre musique au quotidien», ironise un homme dans le bureau de la chefferie du groupement Buzi, entité administrative de treize villages nichés sur les bords du golfe du lac Kivu. «Nous sommes sensibilisés désormais», appuie Justin Kamanda, le chef de la zone.

Les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), un groupe armé né sur les cendres des différentes rébellions tutsies appuyées par le Rwanda voisin, sont à quelques kilomètres de la ville. Début mai, à une vingtaine kilomètres au nord, la prise de la ville minière de Rubaya par les insurgés a fait sauter le verrou des défenses de Minova. Les observateurs prédisaient une chute rapide. Ils avaient tort. Minova résiste tant bien que mal.

Pagne troué de balles

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