En psychologie sociale, il existe une théorie dite de la «dépense gâchée». Elle décrit la tendance, chez un individu ou un groupe, à persévérer dans un effort jusque-là infructueux pour justifier le fait d’avoir investi du temps, de l’argent ou de l’énergie dans cette stratégie. Huit ans après le déclenchement de l’intervention militaire au Mali (l’opération «Serval», devenue «Barkhane» en 2014), la France est-elle victime de ce syndrome ? En dépit d’une dégradation continue de la situation sécuritaire au Mali, au Burkina Faso et au Niger, elle garde le cap. Désormais trop engagée, militairement, diplomatiquement et politiquement pour pouvoir se retirer sur la pointe des pieds.
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Le sommet du G5 Sahel à N’Djamena, lundi et mardi, sera l’occasion d’un point d’étape. Emmanuel Macron, qui pousse depuis quatre ans l’organisation régionale à «monter en puissance», ne sera pas présent physiquement dans la capitale tchadienne, restrictions sanitaires obligent. Il s’entretiendra en revanche, lors d’un huis-clos virtuel, avec ses homologues malien, nigérien, burkinabé, tchadien et mauritanien. Chacun d’entre eux a déjà été reçu individuellement à l’Elysée depuis le début de l’année. Le nouveau secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, enverra de son côté une rassurante pastille vidéo à N’Djamena. Un éventuel désengagement militaire des Etats-Unis dans la région, un temps brandi par l’administration Trump, semble écarté.
Changement d’objectif
Sur le fond, la réunion du G5 sera l’occasion de tirer le