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Criminalité

Afrique du Sud : 77 morts dans un squat à cause d’un homme qui voulait faire disparaître un corps

L’auteur de l’incendie meurtrier, qui avait fait 77 morts en déclenchant un incendie dans un squat à Johannesburg le 31 août, est passé aux aveux et se trouve en garde à vue ce mercredi 24 janvier. Il aurait voulu faire disparaître le corps d’un homme qu’il venait de tuer en y mettant le feu.
L’incendie ravageur dans le centre délabré de Johannesburg avait fait 77 morts fin août. (Jerome Delay/AP)
publié le 24 janvier 2024 à 18h11

L’incendie ravageur dans le centre délabré de Johannesburg avait fait 77 morts fin août et choqué le monde : un suspect est passé aux aveux, affirmant avoir mis le feu pour dissimuler un meurtre, et se trouvait ce mercredi 24 janvier en garde à vue. Ce Sud-Africain de 29 ans a été arrêté après avoir reconnu sa responsabilité dans l’incendie, a annoncé la police. Il aurait étranglé un homme ayant maille à partir avec un trafiquant de drogue, avant d’incendier le corps pour effacer les traces de son forfait. Dans la foulée, 77 personnes dont 12 enfants avaient péri, coincés dans cet immeuble vétuste et squatté de quatre étages appartenant à la municipalité.

«Un suspect a été arrêté ce mardi en lien avec l’incendie de Marshalltown», quartier malfamé du centre de la capitale économique sud-africaine, a déclaré une porte-parole de la police Dimakatso Nevhuhulwi. Il «a été arrêté après avoir avoué devant une commission chargée d’enquêter sur l’affaire qu’il était impliqué dans le départ du tragique incendie», a-t-elle ajouté, précisant qu’il était poursuivi pour incendie criminel et homicide volontaire et serait présenté «prochainement» à un juge.

«Il a aspergé le corps et mis le feu»

Selon Andy Chinnah, un militant représentant les victimes, qui était présent à la commission d’enquête, «le suspect a expliqué qu’il était un usager de drogue» qui aidait un trafiquant. «Ce jour-là, ils avaient mis un sac sur la tête d’un type sur une chaise qu’ils passaient à tabac», a-t-il raconté. Se rendant compte, en enlevant ensuite ce sac, qu’il connaissait sa victime, le suspect, alors sous l’emprise de la drogue, a expliqué avoir pensé «qu’il était trop dangereux de le laisser en vie et l’a étranglé». Paniqué, «il est allé dans une station-service acheter de l’essence, est revenu, a aspergé le corps et mis le feu».

Toujours selon Andy Chinnah, quand cet homme s’est retrouvé dehors, regardant le bâtiment se consumer par les flammes, «il a vu un enfant jeté depuis le quatrième étage et une femme sauter», prenant alors conscience «qu’il avait commis quelque chose de bien plus grave». C’est ainsi qu’il se serait présenté de lui-même, des mois plus tard, devant la commission d’enquête, selon Andy Chinnah, qui a aussi échangé avec les avocats des victimes.

L’incendie, parmi les plus meurtriers au monde ces vingt dernières années, s’était déclaré dans la nuit du 30 au 31 août, dans cet immeuble densément peuplé à la fois par quelque 200 familles démunies et nombre de «tsotsi», terme sud-africain désignant gangsters et délinquants. L’affolement avait gagné des occupants pris au piège. De nombreux corps avaient été retrouvés derrière des grilles verrouillées. A chaque étage, des portes à barreaux fermées chaque soir à double tour pour éviter l’entrée de malfaiteurs ont empêché les gens de se sauver, selon des témoignages.

Des bébés jetés par les fenêtres

Au lendemain du drame, draps et couvertures utilisés pour fuir restaient accrochés à la façade noircie de l’immeuble. Des témoins ont raconté avoir vu des bébés jetés des fenêtres. «Il y avait des gens qui attrapaient les bébés et il y avait aussi des matelas préparés pour eux», avait décrit Mac Katlego, un riverain de 25 ans. Opulent quartier d’affaires au temps de l’apartheid, le centre de Johannesburg compte de nombreux immeubles abandonnés, sans électricité ou eau souvent, tombés aux mains de marchands de sommeil ou occupés illégalement.

Le président, Cyril Ramaphosa, avait déploré une «immense tragédie», le bilan de ce sinistre ayant même dépassé celui de la Grenfell Tower (72 morts) en 2017 à Londres, et s’était engagé à s’«attaquer à la question du logement».