Sous pression et fragilisé après avoir mené le Congrès national africain (ANC) à sa pire performance électorale fin mai lors des élections législatives, Cyril Ramaphosa a été réélu président de l’Afrique du Sud par le nouveau Parlement vendredi 14 juin. L’ANC a trouvé un accord de gouvernement inédit avec le principal parti d’opposition, la DA libérale. Cyril Ramaphosa, 71 ans, a obtenu vendredi 283 voix, loin devant l’autre candidat Julius Malema, du parti radical de gauche EFF, qui a obtenu 44 voix, l’Assemblée nationale votant pour confirmer qui détiendrait le pouvoir dans la nouvelle administration.
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Les élections législatives fin mai ont marqué un tournant historique pour l’Afrique du Sud, mettant fin à trente ans d’hégémonie du Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela. Le parti qui a défait le régime honni de l’apartheid a ainsi perdu pour la première fois sa majorité absolue au Parlement.
«C’est un jour historique» et «le début d’un nouveau chapitre de construction, de coopération», a réagi le leader de l’Alliance démocratique (DA), John Steenhuisen, disant se «réjouir de travailler» avec Ramaphosa et ses équipes. Alors que les deux partis de la gauche populiste, les Combattants pour la liberté économique (EFF) de Julius Malema et le MK de l’ancien président accusé de corruption, Jacob Zuma, font trembler les milieux des affaires et les investisseurs, beaucoup estiment que le DA favorise les intérêts de la minorité blanche et de la classe moyenne, au détriment des plus pauvres. Il y a quelques semaines, Steenhuisen, critique acerbe de l’ANC, n’excluait pas l’idée d’une alliance pour éviter le «chaos» qu’entraînerait, selon lui, une coalition avec d’autres partis de la gauche radicale qui «produirait les mêmes politiques qui ont détruit le Zimbabwe et le Venezuela».
«Vous êtes si inquiets ?»
La semaine dernière, le président Ramaphosa avait invité tous les partis à «travailler ensemble» pour former un «gouvernement d’union nationale», référence à la formule trouvée à la sortie de l’apartheid unissant le premier président noir Nelson Mandela au dernier président blanc, Frederik de Klerk. Ramaphosa, ancien syndicaliste ayant fait fortune dans les affaires avant de revenir à la politique, affichait une franche décontraction au moment des tractations en coulisses. Il blaguait avec la presse, rassemblée lors d’une réunion cruciale de l’exécutif de l’ANC : «Mais que faites-vous là, vous êtes si inquiets ?»
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Le futur gouvernement va ainsi graviter «autour du centre», entre l’ANC, qui reste majoritaire avec 159 des 400 députés, l’Alliance démocratique (DA, 87 sièges) et le parti nationaliste zoulou Inkhata (IFP, 17 sièges). Le MK de Jacob Zuma, devenu la troisième force politique avec 58 sièges, a refusé toute discussion avec l’ANC.
La Chine, partenaire clé de l’Afrique du Sud, a félicité ce samedi Cyril Ramaphosa pour sa réélection, par un «message» de son président Xi Jinping a indiqué l’agence de presse officielle Chine Nouvelle. Bientôt suivie par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a salué «les efforts conjoints de l’Afrique du Sud pour restaurer une paix juste en Ukraine» tandis que le président russe Vladimir Poutine, dans un télégramme transmis par le Kremlin, a indiqué apprécié en Ramaphosa sa «contribution personnelle au développement d’un partenariat stratégique entre nos pays». L’investiture du chef de l’Etat devrait se dérouler mercredi à Pretoria, selon une source gouvernementale.