A peine le moteur du 4x4 des visiteurs était-il éteint,qu’ils ont surgi en file indienne d’un bosquet d’épineux, rare végétation affleurant sur ce plateau rocailleux. Salutations polies, manières réservées, cette dizaine de cultivateurs et d’éleveurs originaires du village de Tounga Akaï, dans le sud du Niger, affichent des mines austères. Encore une mauvaise campagne agricole qui s’achève. Les pluies ont cessé pile au moment de la floraison des épis de mil. Les récoltes sont maigres, les lendemains incertains. Au point que ce paysage volcanique battu par le vent, avec sa terre nue parsemée de galets, de blocs et de chapes anthracite, devient une promesse.
«Il n’y a pas quarante ans, l’herbe poussait ici. Des arbres aussi. Pas des épineux, hein ! Des acacias, des sabaras [des buissons épais de 1 à 5 mètres de haut, ndlr], des kalgos [arbustes de 10 à 15 mètres de haut]», dit un ancien, visage drapé dans une écharpe à gros carreaux noirs et blancs. Ce terrain accidenté, sur lequel ils envisagent pourtant de planter, leurs aïeux ne l’ont jamais cultivé, selon lui. D’ailleurs, à quoi bon ? Autour du village blotti dans la vallée, les zones de culture et de pâturage ne manquaient pas. Mais au fil des épisodes de sécheresses, les sols se sont appauvris, les rendements ont décru. Et puis la population a gonflé. «Les parcelles que les parents ont laissées ne suffisent plus», résume un autre villageois, inquiet.
Une transition du brun-gris au vert-jaune
Ces facteurs climatiques et anthropiques ont