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Tensions

Alger convoque l’ambassadeur de France pour dénoncer des «traitements dégradants» d’Algériens à Paris

L’Algérie a annoncé ce mardi 28 janvier avoir convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour dénoncer des «agissements inacceptables» auxquels auraient été confrontés des passagers algériens dans des aéroports parisiens.
Stéphane Romatet, en 2015. (Nicolas Messyasz/Sipa)
publié le 28 janvier 2025 à 20h50

Nouvelles tensions entre Alger et Paris. L’Algérie a informé ce mardi 28 janvier avoir convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour dénoncer des «traitements dégradants» auxquels auraient été soumis des passagers algériens arrivés dans des aéroports parisiens. Le pays a exprimé, dans son communiqué, sa «profonde préoccupation (face aux) témoignages concordants d’un certain nombre de ressortissants algériens sur des traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires auxquels ils sont soumis par la Police aux Frontières au niveau des aéroports de Roissy Charles-De-Gaulle et d’Orly».

Après «confirmation de la véracité de ces informations», le secrétaire d’Etat en charge de la communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaib, a convoqué Stéphane Romatet pour signifier au représentant de la France «la ferme protestation du gouvernement algérien». Il «a demandé à l’ambassadeur d’informer son gouvernement de la nécessité de prendre toutes les mesures indispensables» pour mettre fin «sans délai à ces agissements et pratiques inacceptables qui déshonorent le gouvernement français».

Bruno Retailleau épinglé par la presse algérienne

Toujours selon le communiqué, Sofiane Chaib «a également affirmé le rejet catégorique de l’Algérie de toute atteinte, de quelque manière que ce soit, à la dignité de ses citoyens, ou de les instrumentaliser à des fins de pression, de provocation ou de tentative d’intimidation à l’encontre de leur pays.»

«Hier, des voyageurs algériens, munis de visas en règle, ont subi un calvaire à leur arrivée aux aéroports français, notamment à Paris. A l’origine de cette démarche punitive, se cache Bruno Retailleau», le ministre français de l’Intérieur, a pointé ce mardi le quotidien gouvernemental El Moudjahid. «Figure haineuse» qui «orchestre une politique d’humiliation visant directement les Algériens», dénonce le journal d’Etat. Les déclarations du locataire de la place Beauvau sont très commentées par la presse algérienne - il a par exemple, mi-janvier, assuré vouloir mettre fin à l’accord de 1968 relatif aux conditions d’entrée en France des ressortissants algériens.

Cette convocation reflète la dégradation des relations entre les deux pays. Commencée fin juillet après l’annonce par la France d’un soutien au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental, territoire au statut non défini à l’ONU et théâtre d’un conflit depuis un demi-siècle entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

La brouille s’est amplifiée avec la détention en Algérie depuis mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Puis l’arrestation en ce début d’année, en France, de plusieurs influenceurs algériens et franco-algériens pour apologie de la violence.

Le ministre algérien des Affaires étrangères avait déjà convoqué l’ambassadeur français en décembre : une «sévère mise en garde» contre la France, accusée d’avoir mené «des opérations agressives» pour «déstabiliser» l’Algérie.