«Seules les armes pourront faire partir Alpha Condé», avait suggéré début juillet sur Facebook, l’adjoint au maire de Conakry, capitale de la Guinée. Des propos qui avaient valu à cet élu de l’opposition une condamnation à plus de trois ans de prison ferme pour «offense au chef de l’Etat». Deux mois plus tard pourtant, la prédiction s’est révélée juste : dimanche, le monde entier découvrait les images du président guinéen, mutique et visiblement fatigué et excédé, assis sur un canapé et encadré de militaires des forces spéciales qui ont pris le pouvoir en quelques heures dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.
Triste fin de parcours pour ce dirigeant octogénaire, qui s’était d’abord fait connaître comme un opposant historique, exilé pendant près de quarante ans à Paris, où depuis son appartement de la place d’Italie il milite alors activement pour la démocratisation de son pays natal. Condamné à mort par contumace sous le règne de Sékou Touré, il rentre en Guinée en 1991, sept ans après la mort de l’intransigeant père de l’indépendance. Ce qui ne lui évitera pas de passer par la case prison en 1998 pour vingt mois. Son aura en sera renforcée. Et quand il accède au pouvoir en 2010, devançant de façon inattendue son éternel rival, l’opposant Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé incarne l’