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Libération
République démocratique du Congo

Amnesty International accuse les rebelles du M23 d’avoir violé des dizaines de femmes en RDC

Dans un communiqué diffusé ce vendredi, Amnesty International assure que des dizaines de femmes ont été violées par les rebelles du M23 dans une série d’attaques entre le 21 et le 30 novembre dernier dans l’est de la République démocratique du Congo.
Des rebelles du M23 en République démocratique du Congo, le 23 décembre 2022. (Glody Murhabazi/AFP)
publié le 17 février 2023 à 17h13

Des «crimes de guerre», voire des «crimes contre l’humanité» dans l’est de la République démocratique du Congo. «Au moins 66 femmes et filles» ont été violées par «le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda» assure ce vendredi un communiqué de l’organisation de défense des droits humains Amnesty International. Accusation sur la base des témoignages de 35 victimes et témoins directs pour des faits que se seraient principalement déroulés dans la commune de Kishishe, à une centaine de kilomètres au nord de Goma, capitale de plus d’un million d’habitants du Nord-Kivu aujourd’hui presque totalement encerclée par les rebelles.

Les Nations unies ont pour leur part indiqué la semaine dernière que Kishishe et ses alentours ont été, entre le 21 et le 30 novembre, le théâtre d’attaques où au moins 171 personnes auraient été tuées et 27 femmes et filles violées par le M23 en représailles à une offensive de groupes armés. «Après avoir pris le contrôle de Kishishe, les combattants du M23 ont fait du porte-à-porte, tuant tous les hommes adultes qu’ils trouvaient et soumettant des dizaines de femmes à des viols, y compris des viols collectifs», détaille Amnesty. Une des victimes de viol a déclaré à l’ONG avoir «compté jusqu’à 80 corps d’hommes abattus par les soldats du M23» dans une église.

«Je pensais que je ne survivrais pas»

Des extraits glaçants de témoignages de victimes sont reproduits dans le texte de trois pages, comme celui d’Eugénie (prénom modifié) : «Ils ont dit que nous étions tous des FDLR [Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, ndlr]. Ils nous ont séparées des hommes et les ont abattus, y compris mon mari et mes deux fils. Trois soldats du M23 m’ont ensuite emmenée derrière l’église et m’ont violée à tour de rôle. Je pensais que je ne survivrais pas.»

La rébellion majoritairement tutsi du M23 a repris les armes fin 2021, après près de dix ans d’exil aux Rwanda et Ouganda voisins, avec parmi leurs principales revendications l’élimination des FDLR, un groupe fondé au Congo par d’anciens responsables du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. La RDC accuse son voisin le Rwanda de soutenir ces rebelles, ce qui est corroboré par des experts de l’ONU, les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux, bien que Kigali s’en défende.

Les chefs d’Etats de plusieurs pays d’Afrique de l’Est ont appelé vendredi à un «retrait de tous les groupes armés» d’ici le 30 mars dans l’est de la République démocratique du Congo. Annonce faite par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) sur Twitter. Cette réunion des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est, constituée de sept pays, s’est notamment tenue en présence des présidents de RDC Félix Tshisekedi et du Rwanda Paul Kagame, à Addis-Abeba, la capitale de l’Ethiopie, à la veille d’un sommet de l’Union africaine. Les dirigeants ont aussi appelé au retour des personnes déplacées en raison du conflit.