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Censure

Arrestation d’une écrivaine française en Algérie : «Il n’y a plus de débat possible»

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L’autrice Dominique Martre, son éditeur et l’ensemble du public qui assistait à la présentation d’un livre sur la Kabylie, le 29 juin, ont été placés en garde à vue, avant d’être relâchés quelques heures plus tard. Une nouvelle illustration de l’offensive des autorités algériennes contre la liberté d’expression.

«Tout le monde a été embarqué», raconte l'écrivaine Dominique Martre. (Ryad Kramdi /AFP)
Publié le 03/07/2024 à 14h07

Le 29 juin, une vingtaine de personnes s’étaient donné rendez-vous dans la petite librairie Gouraya de Bejaïa, la plus grande ville de Kabylie, lorsque la police algérienne a fait irruption dans ce lieu peu habitué aux remous. L’écrivaine française Dominique Martre y présentait son ouvrage, La Kabylie en partage, dans l’intimité des femmes (Editions Koukou), devant une audience captivée.

Elle partageait ses souvenirs en tant qu’enseignante dans un collège de la commune kabyle de M’Chedallah (appelée Maillot dans l’Algérie coloniale), où elle a exercé entre 1975 et 1976. Une expérience inoubliable pour une jeune Française de 22 ans, qui accède à l’intimité et à la vie quotidienne de femmes amazighes. Des «histoires de vie» marquées par le poids de la colonisation et le patriarcat, entre tradition et modernité, retranscrites dans une œuvre de 280 pages. «Chaleureusement accueillie par les femmes dans leurs maisons, je consignais au quotidien dans mon journal ce que je vivais d’étonnant et d’intime avec elles. J’y notais aussi ce que je découvrais, observais et partageais dans l’univers du dehors, celui des hommes…»

«La police a saisi tous les livres vendus dans l’établissement»

L’après-midi a pris un autre tournant lorsque les forces de l’ordre algériennes ont débarqué dans la librairie, aux alentours de 15 heures. Dominique Martre était en train de débattre avec le public et s’apprêtait à débuter une séance de dédicaces. «C’était une irruption massive, très impressionnante, décrit l’autrice, contactée par Libé