Sous un vétuste préau de l’hôpital Mère et enfants de Cotonou, une vingtaine de femmes tentent de tuer le temps. La plupart affichent un ventre arrondi et ont apporté des vêtements de maternité dans des cabas en plastique XXL. Elles attendent un médecin, parfois depuis des heures, alors que le crépuscule n’a pas suffi à faire redescendre la température de ce mois de novembre. Sur un banc en pierre, deux femmes grignotent des cacahuètes dans un petit sachet en plastique, sans s’adresser un mot. Une autre tient, dans sa main perfusée, un smartphone branché à une prise murale qui ne tient plus que par un fil. Seule la conversation mouvementée entre deux sœurs brise le silence de ce centre hospitalier de la capitale économique béninoise, visiblement déserté par les hommes. «Je ne serai jamais d’accord avec l’avortement, la vie c’est la vie !» s’insurge Maryse, 33 ans, vêtue d’une longue et ample robe en wax. Elle accompagne Georgette, de huit ans sa cadette, qui s’apprête à donner naissance à son deuxième enfant. «Et si la vie de la mère est en danger ? Ou qu’elle n’a pas suffisamment d’argent pour s’occuper de son bébé ?» rétorque cette dernière, dont la frêle silhouette laisse apparaître un ventre bombé qui l’empêche de rester debout trop longtemps. «Eh bien elle n’avait qu’à prendre ses précautions !»
«Complot de l’Occident»
La loi relative à la modification de la législation sur la santé sexuelle et reproductive, autorisant l’avortement au Bénin,