Il a résisté à bien des tempêtes. Combien de fois a-t-on entendu, depuis que le capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir par les armes le 30 septembre 2022 : «Les Burkinabés ne vont pas laisser passer ça» ? Exemple, le 26 mars. Boukary Ouedraogo, célèbre militant des droits humains malvoyant et critique de l’action publique, est porté disparu depuis quatre jours. Dans une vidéo postée sur Facebook, il réapparaît en treillis dans un camp militaire, genou à terre, rechargeant gauchement un fusil automatique. Il vient d’être enrôlé de force comme volontaire pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils de l’armée.
«IB [le surnom d’Ibrahim Traoré] va tomber», murmure-t-on fin avril, après le massacre d’environ 150 villageois à Karma imputé aux forces armées burkinabè. Même musique le 29 juillet, quand des militaires et des blindés surgissent dans l’enceinte d’un tribunal pour exfiltrer «Adja», la guérisseuse d’IB qui comparaît pour violences et tortures. Entre l’attachement des citoyens à leur justice indépendante et le risque pour Traoré, musulman, de voir s’émousser le soutien de groupes wahh