«Notre victoire est claire», a posté sur Facebook Issa Tchiroma Bakary à deux semaines des résultats officiels de la présidentielle camerounaise. Après les sept mandats et 43 années de Paul Biya à la tête du pays, le candidat de l’opposition s’affirme comme l’élu pour reprendre le pouvoir après les élections qui se sont tenues dimanche 12 octobre. «Le peuple a choisi, et ce choix doit être respecté», déclare l’ancien ministre ce mardi, promettant de publier, preuve à l’appui, un rapport détaillé des résultats par région.
«La ligne rouge à ne pas franchir»
Pourtant, s’il est autorisé de rendre publics les procès-verbaux de chacun des bureaux de vote, il est en revanche illégal de proclamer le résultat du vote avant le Conseil constitutionnel. Le ministre de l’Administration territoriale – équivalent du ministre de l’intérieur – Paul Atanga Nji a d’ailleurs réitéré dimanche soir, lors d’une conférence de presse, sa «mise en garde» contre les annonces de résultats avant la publication officielle.
Election
«C’est la ligne rouge à ne pas franchir», avait-il prévenu, alors que les autorités n’ont pas encore communiqué le taux de participation ni précisé la date exacte de proclamation des résultats, prévue au plus tard pour le 26 octobre par le Conseil constitutionnel. Les résultats pourraient donc tomber dans les deux prochaines semaines, alors que des craintes de fraude persistent en faveur de Paul Biya, 92 ans, réélu à plus de 70 % des voix depuis plus de deux décennies.
Une action déjà réprimée en 2018
Lors de la dernière présidentielle, en 2018, Maurice Kamto, arrivé deuxième du scrutin, avait été arrêté après s’être proclamé vainqueur avant les résultats officiels, au lendemain du vote. Les rassemblements de ses partisans avaient été dispersés à coups de gaz lacrymogènes et canons à eau, et des dizaines de manifestants avaient été arrêtés. Certains restent aujourd’hui toujours emprisonnés, et la candidature de Maurice Kamto a cette année été rejetée.
Des conséquences qui ne découragent pas Issa Tchiroma, qui appelle déjà aujourd’hui le régime à «accepter la vérité des urnes» ou à «plonger le pays dans un tourment».