Depuis plus d’un mois, son prestige se mesure au nombre de candidats à l’élection présidentielle du 12 octobre qui sollicitent une audience dans son palais : Jean Rameau Sokoudjou, le roi (ou «Fo’o») des Bamendjou, est certainement le plus respecté des chefs traditionnels du Cameroun. A la tête de cette petite communauté apparentée à l’ethnie Bamiléké dans l’ouest du pays, il a déjà reçu chez lui la plupart des opposants qui se présentent contre le président sortant, Paul Biya. Lequel est désormais le plus vieux chef d’Etat au monde, 92 ans, à briguer un nouveau mandat – le huitième, après quarante-trois ans de pouvoir.
Jean Rameau Sokoudjou est à peine plus jeune : aujourd’hui âgé de 89 ans, il a traversé toute l’histoire du Cameroun contemporain, intronisé en 1953, soit sept ans avant l’indépendance. Très vite, on le surnomme «le chef rebelle». Pour s’être ouvertement opposé au colonisateur français, lors de la sanglante guerre qui précède la déclaration d’indépendance en 1960. Il en paiera le prix fort, de la façon la plus cruelle.
Aujourd’hui, il reste l’un des rares représentants de l’autorité traditionnelle – dans un pays qui compte 17 000 chefferies – à oser s’exprimer ouvertement contre le pouvoir en place. Sans pour autant subi