Six couleurs de bulletin pour six scrutins simultanés. Ce mardi, les 22,1 millions d’électeurs kenyans appelés aux urnes éliront à la fois leurs députés, leurs sénateurs, leurs gouverneurs, leurs représentants à l’assemblée du comté et, bien entendu, leur président de la République. L’actuel chef de l’Etat, Uhuru Kenyatta, est arrivé au terme de ses deux mandats. Il ne peut pas légalement se représenter, mais soutient activement son ancien adversaire Raila Odinga contre son vice-président, William Ruto. Le duel entre les deux hommes, des caciques de la politique kényane, a largement dominé la campagne électorale. L’issue du vote est incertaine, signe d’une certaine vitalité démocratique dans le pays locomotive de l’Afrique de l’Est. Mais les résultats seront-ils acceptés ? Jamais cela n’a été le cas depuis l’avènement du multipartisme en 1992. Là résiderait sans doute la véritable nouveauté de cette élection. Retour sur les enjeux du vote.
Famine, dette et crise économique
Le «prince» de la politique kenyane, Uhuru Kenyatta, fils du père de l’indépendance Jomo Kenyatta, cède son fauteuil présidentiel au moment où son pays est aux prises avec une grave vague de malnutrition. Après trois années sans pluie dans certaines régions, la Corne de l’Afrique connaît sa pire sécheresse depuis quarante ans. Plus de 4 millions de Kenyans sont confrontés à une «crise alimentaire aiguë» (la phase 3 de la classificati