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Interview

«Au Mali, le discours souverainiste des militaires a soulevé une vague d’espoir sans précédent depuis les années 90»

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Le chercheur Jean-Hervé Jézéquel, de l’International Crisis Group, décortique la doctrine portée par le régime militaire malien, son origine, ses effets et sa popularité.
Une partisane de l'actuel président malien par intérim, le colonel Assimi Goïta, lors d'une manifestation à Bamako, le 14 janvier 2022. (Florent Vergnes/AFP)
publié le 4 décembre 2024 à 14h29

Jean-Hervé Jézéquel, directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group, est le co-auteur d’un rapport sur le «tournant souverainiste au Mali» paru mardi 3 décembre. Il revient sur ce discours de la junte au pouvoir à Bamako «alliant nationalisme et références au panafricanisme, qui entend restaurer l’autonomie d’action de l’Etat». Selon le chercheur, le souverainisme du régime va bien au-delà d’une simple rhétorique populiste.

Comment définir la doctrine souverainiste portée par les militaires au pouvoir au Mali ?

Le régime ne propose pas de définition très élaborée du souverainisme, il ne se réfère ni à des idéologues ni à un «petit livre rouge du souverainisme». Mais il se concentre sur un ensemble resserré d’idées simples. D’abord, celle que la situation au Mali est le résultat d’une souveraineté bafouée, que les élites ont vendu le pays à des acteurs extérieurs, et que cet abandon est à l’origine de la crise sécuritaire actuelle. Par conséquent, une souveraineté «retrouvée» serait la solution aux problèmes du Mali. La simplicité du postulat est l’une des clés de sa popularité. Mais attention, il a un impact réel