Au Maroc, l’eau est devenue si rare que Mohamed s’en remet à Dieu pour faire revenir la pluie. Dans sa petite propriété située près de la commune de Berrechid, il arrive parfois à ce vieux fellah (paysan) de prier pour conjurer la sécheresse qui frappe le royaume pour la sixième année consécutive. Dans sa petite propriété agricole, ses treize moutons paissent près d’une vaste étendue de terre craquelée et assoiffée. Malgré ses quelques œufs et le miel qu’il produit grâce à la ruche perchée dans son jardin, le bétail est l’unique source de revenus de ce père de cinq enfants. Il se rend chaque lundi dans le souk de la ville, à 40 kilomètres de Casablanca, pour vendre sa maigre production. «A cette période, le blé, qui me sert à nourrir mes bêtes, devrait déjà être à 70 centimètres du sol, déplore-t-il, accoudé sur sa canne en bois, en pointant du doigt une tige qui en fait à peine plus de la moitié. L’an dernier, il y avait encore un peu d’eau. Mais maintenant, il n’y a vraiment rien.»
En raison des activités agricoles excessives et d’une pluviométrie déficitaire, la nappe phréatique de Berrechid accuse un déficit annuel de 32 millions de mètres cubes, soit l’équivalent de près de 13 000 piscines olympiques. Mohamed assure qu’il faut désormais creuser plus de 100 mètres sous terre pour atteindre la ressource, contre 25 mètres il y a encore trois décennies. «Le capitalisme a tout