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Libération
Reportage

Au Maroc, les cultivateurs de cannabis persistent dans l’illégalité : «Quand les règles apparaissent, les problèmes commencent»

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La plupart des agriculteurs du Rif, région contestataire et marginalisée du nord du royaume, n’ont pas encore tiré profit de la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles, et continuent de vivre dans la clandestinité et la pauvreté.
Dans une exploitation de cannabis, à Ketama. (Raj Alaya/Hans Lucas)
publié le 14 décembre 2024 à 9h28

Quelques clics suffisent pour se retrouver au cœur du grenier à haschich de l’Europe. Sur Airbnb, une dizaine d’agriculteurs proposent des séjours à Ketama, une commune rurale emblématique du Rif, dans le nord du Maroc, aux voyageurs désireux de fumer le «kif» local, réputé pour sa qualité exceptionnelle. Youcef (1), un habitant au sourire chaleureux et un peu cabossé, s’est même taillé une réputation de «super-hôte» grâce à sa maison perchée sur une colline, offrant une vue imprenable sur la vallée et les champs de cannabis. A l’intérieur de cette grande bâtisse délabrée sur deux étages, les chambres au confort sommaire peuvent héberger jusqu’à 20 voyageurs.

Marco et Tommaso, deux Italiens de 33 et 34 ans, viennent d’y passer leur troisième nuit. Les amis d’enfance, originaires de Rome, ont déboursé 25 euros chacun pour leur séjour – dîners et quelques grammes de haschich inclus. Dans les rues de Ketama, certains habitants proposent aux touristes de séjourner gratuitement chez eux «s’ils viennent avec des amis». «J’ai adoré Ketama, c’est une expérience unique !» se réjouit Marco, un verre de thé à la menthe fumant dans une main, un long joint dans l’autre. Sur la terrasse ensoleill