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Libération
Enquête

Au Maroc, l’inquiétante suspension d’une enseignante d’une école française accusée d’«apologie de l’homosexualité»

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Visée par une plainte déposée par deux parents d’élève, une institutrice a été mise à l’écart par la direction de l’établissement où elle travaille, à Kénitra. Indignés, ses soutiens et la majorité des autres parents dénoncent la passivité de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger.
C'est la lecture par une enseignante en CM1 à l'école Honoré-de-Balzac à Kénitra (Maroc) à ses élèves d'une définition de l'homosexualité qui a déclenché sa suspension. (Roberto Dziura Jr./Getty Images)
par Victor Mauriat, correspondant à Rabat (Maroc)
publié le 24 mai 2023 à 7h30

La sanction est tombée le 4 avril. N.G., 55 ans, professeure des écoles, a été suspendue par sa hiérarchie de son poste dans une classe de CM1 de l’école primaire française Honoré-de-Balzac de Kénitra, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale Rabat, où elle travaillait depuis presque trente ans. Elle fait l’objet d’une plainte devant la justice pour «apologie de l’homosexualité», déposée fin février par deux parents d’élèves. Depuis, pourtant, la majorité des autres parents d’élèves de la classe et une foule d’anciens élèves et de parents crient à l’injustice et demandent sa réintégration.

«Apologie de l’homosexualité». Au Maroc, l’accusation est grave. Dans un pays où l’homosexualité est punie jusqu’à trois ans d’emprisonnement, la «propagande LGBT» est considérée comme une atteinte à la religion et est donc encore plus sévèrement condamnée, avec des peines allant de trois à cinq ans de prison. Si l’affaire est toujours en cours devant la justice marocaine, N.G., enseignante sans histoire dans cette école primaire française du groupe scolaire unifié (GSU) depuis 1994, a donc été suspendue.

Vindicte individuelle

Dans un communiqué, depuis supprimé, publié sur Instagram le 7 avril, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), qui gère