C’est l’un des accidents militaires les plus meurtriers du pays. Le 3 décembre dernier, au moins 85 civils d’un village de l’Etat de Kaduna, dans le nord-ouest du Nigeria, ont été accidentellement tués par un drone de l’armée nigériane, ont déclaré ce mardi 5 décembre des responsables des services d’urgence, une information corroborée par l’armée.
Survenu dans le village de Tudun Biri en pleine célébration d’une fête musulmane, ce drame aurait causé la mort de nombre de femmes, d’enfants et de personnes âgées, selon des habitants. L’armée n’a pas donné de chiffres officiels sur les victimes, «touché [es] par inadvertance» lors de ce qui était une mission de routine. Selon l’Agence nationale de gestion des urgences, «85 corps ont été enterrés jusqu’à présent, tandis que les recherches se poursuivent», et 66 autres personnes seraient prises en charge à l’hôpital.
L’armée a souvent recours aux bombardements aériens pour combattre les groupes de bandits et les rebelles jihadistes actifs depuis 14 ans dans le nord-est et le nord-ouest du pays. Qualifiant le drame «d’incident très malheureux, troublant et douloureux», d’après un communiqué publié par la présidence, le président Bola Ahmed Tinubu a ordonné l’ouverture d’une enquête.
Des précédents meurtriers
Les bombardements de l’armée nigériane ont déjà touché par mégarde des civils. En septembre 2021, dans la région du lac Tchad dans le nord-est du pays, au moins 20 pêcheurs avaient été tués et plusieurs blessés lors d’une attaque de l’armée, qui les avait confondus avec des combattants. En janvier 2017, au moins 112 personnes étaient mortes après la frappe d’un avion de chasse contre un camp abritant 40 000 déplacés dans la ville de Rann, près de la frontière avec le Cameroun. L’armée nigériane avait blâmé «l’absence de marquage approprié de la zone» dans un rapport publié six mois plus tard.
Les forces armées nigérianes ont souvent recours aux frappes aériennes dans leur lutte contre les milices appelées «bandits», qui terrorisent, pillent et kidnappent depuis longtemps des villages dans le nord-ouest et le nord-est du pays. Depuis 2009, ce conflit avec les jihadistes a fait plus de 40 000 morts et deux millions de déplacés.