Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, est aussi l’un des plus violents du continent – voire du monde. Le phénomène n’est pas nouveau. Mais la criminalité armée touche désormais quasiment tous les territoires de la République fédérale, constituée de 36 Etats. Bien connue et spectaculaire dans les grands centres urbains, où elle fait la une des journaux et est associée à la délinquance, elle est en réalité surtout très meurtrière dans les zones rurales.
Les forces de défense et de sécurité sont débordées par l’ampleur de la tâche. Tenues en échec par Boko Haram et les mouvements jihadistes qui lui ont succédé depuis plus d’une décennie dans le nord-est, confrontées à des insurrections séparatistes dans le delta du Niger, elles font aussi face à des bandes mafieuses financées par des hommes politiques, ou à des milices communautaires de mieux en mieux équipées. Sans oublier que les militaires nigérians et leurs supplétifs sont souvent eux-mêmes considérés comme une source de danger pour les civils : «La prolifération des milices d’autodéfense, la militarisation des communautés locales et les