Libération
Dans le camp de déplacés de Baga Road, près de Maiduguri, au Nigeria.Dans le camp de déplacés de Baga Road, près de Maiduguri, au Nigeria. (Fati Abubakar /Libération)

Reportage

Au Nigeria, l’impossible retour à la maison des rescapés de Boko Haram

Article réservé aux abonnés
Depuis quatre ans, le gouvernement tente de réinstaller dans leurs villages les habitants de l’Etat du Borno, qui avaient fui les violences du groupe jihadiste et avaient été regroupés dans des camps. En vain.
ParCélian Macé
Envoyé spécial à Maiduguri (Nigeria)
publié le 20 juin 2025 à 18h47

Les déplacés sont des fantômes. Piégés entre deux mondes : plus de là-bas, pas vraiment non plus d’ici. Ceux de l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, errent depuis près de quinze ans. Près de deux millions de personnes ont été déracinées par la violence de Boko Haram. Ces spectres, qui représentent une lourde charge humanitaire, hantent le Nigeria, lui rappelant son échec à venir à bout de l’insurrection jihadiste. En 2020, Le gouvernement, excédé, a décrété la fermeture des camps de déplacés : une manière de montrer que la situation sécuritaire s’améliore. Les gens doivent maintenant rentrer chez eux puisque l’armée veille au grain, promettent les autorités. Une dangereuse fiction.

Lors de notre passage, fin mai, le camp de Muna – à la sortie nord de Maiduguri, la capitale du Borno – était sur le point de disparaître. Depuis un an, il a été évacué par tranches. L’heure de la dernière «bouchée» est arrivée. Quelques jours auparavant, le gouverneur, Babagana Zulum, est venu en personne annoncer la relocalisation des dernière

Dans la même rubrique