Une estrade tapissée de moquette vermeille, un alignement de robes rouges herminées et de képis bleus ou gris, un piquet d’honneur. Et puis ces hommes, ces dizaines d’hommes, qui défilent jour après jour à la barre. Accusés ou témoins, ils ont en commun d’être nés au moment de l’indépendance de la Haute-Volta en 1960, d’avoir cru un temps au destin particulier de leur petit pays sahélien, et de s’être donné du «camarade» lors de la révolution d’inspiration marxiste, anti-impérialiste et progressiste née le 4 août 1983 et incarnée par le président Thomas Sankara. Trente-quatre ans après son meurtre et ceux de douze de ses compagnons, tous ensevelis à la hâte la nuit de ce funeste 15 octobre 1987, ils sont là pour aider à déterrer la vérité.
A lire aussi
Le procès de l’assassinat de Thomas Sankara, qui a débuté le 11 octobre 2021 devant la chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadoudou, au Burkina Faso, et qui reprend ce mardi, se joue surtout sur la parole de ces anciens. Plus de 80 témoins ont déjà déposé à la barre, sur une centaine auditionnés lors de l’instruction ouverte en 2015. D’eux, on aperçoit d’abord une démarche, à petits pas, claudicante, parfois alerte, à travers l’immense salle des banquets aux murs lambrissés ; puis un dos, parfois convulsionné par un sanglot contenu, raidi par un garde-à-vous face à la cour ou par un poing levé ou moment de prêter serment – «réflexe révolutionnaire», s’excusent ceux-là face au président de la cour.
A ce stade du pr