Les juntes militaires s’accommodent en général très mal de la liberté d’expression. Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les officiers qui se sont emparés du pouvoir ne dérogent pas à la règle. Plus les mois passent, plus leurs prisons se remplissent d’opposants, de journalistes ou de syndicalistes, qui ont osé défier – ou simplement irriter – le pouvoir en place.
Au Niger, le général Abdourahamane Tiani, qui a renversé le président Mohamed Bazoum à l’été 2023, vient de rétablir les peines d’emprisonnement pour punir «la diffusion» numérique «de données de nature à troubler l’ordre public», la «diffamation» et les «injures». Elles avaient été supprimées en 2022 par l’administration Bazoum, remplacées par de simples amendes. La loi, modifiée par une ordonnance du général Tiani datée du 7 juin, prévoit désormais des peines allant d’un à cinq ans de prison. Un «appareil légal» qui doit permettre aux militaires «de se prémunir des réactions de la population quand à leur gouvernance, surtout par rapport à la durée de la transition [qui s’éternise] mais aussi concernant les crises internes qui secouent la junte», estime un journaliste nigérien.