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Libération
Reportage

Au Sénégal, l’aide financière versée aux victimes des manifestations électorales polarise

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Le gouvernement a annoncé le versement d’une somme d’argent à près de 80 familles ayant perdu un proche lors des manifestations de 2021 à 2024. Un «faisceau d’espoir» pour les bénéficiaires, un «scandale» pour les partisans de l’opposition.
A Dakar en 2021, lors des manifestations contre l'arrestation de l'opposant politique Ousmane Sonko. (Seyllou /AFP)
publié le 6 février 2025 à 20h17

Abdoulaye Wade est un homme de peu de mots. Electricien dans le bâtiment, il reçoit dans une des trois chambres de la maison familiale, qui accueille une douzaine de membres à Cambérène, banlieue du nord-est de Dakar. Une pièce de 10 m², marmites sur l’armoire et vaisselle bien ordonnée sous la télé, dont l’aîné de la famille rabat le rideau donnant sur la cour intérieure. «Personne n’est encore au courant ici», glisse le trentenaire. Car le foyer devrait recevoir une assistance financière de l’Etat de 10 millions de francs CFA (environ 15 250 euros), à l’instar des 79 familles de «personne décédée» lors des violences préélectorales entre 2021 et 2024, selon le communiqué du ministère de la Famille et des Solidarités du 31 janvier.

Une décision controversée : certains détracteurs des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (parti au pouvoir) dénoncent un «privilège» octroyé à ses partisans et militants. Cheikh, le frère cadet d’Abdoulaye, a été tué par balle le 8 mars 2021 alors qu’il manifestait pour la libération d’Ousmane Sonko, l’actuel Premier ministre, à l’époque ac