Menu
Libération
Reportage

Au Sénégal, le parti dissous d’Ousmane Sonko continue à exister au poignet de ses partisans

Article réservé aux abonnés
Libé Afriquedossier
Des milliers de jeunes arborent des bracelets au nom de l’opposant emprisonné ou de son parti. Un symbole de la résilience de l’opposition, alors que Macky Sall vient d’annoncer le report sine die de la présidentielle du 25 février.
Meeting politique de l'opposition deux jours avant le procès d'Ousmane Sonko, à Dakar en mars 2023. (John Wessels /AFP)
par Théo du Couëdic, correspondant à Dakar
publié le 3 février 2024 à 11h24
(mis à jour le 3 février 2024 à 16h05)

Sur la corniche dakaroise, ils se retrouvent chaque soir pour faire de la musculation urbaine, en écoutant de la musique nigériane et en parlant de sport et de politique. Parmi cette bande soudée, Diamé Faye, 23 ans, arbore ce soir-là deux bracelets rouge et vert, sur lesquels on peut lire «Sonko 2024» et «Pastef». «J’en ai acheté plusieurs au responsable d’une cellule locale, à 1 000 francs CFA l’unité (environ 1,50 euro) pour supporter et financer le parti», dit-il, les biceps saillants, de la sueur perlant sur le front, entre deux sessions de tractions, alors que le soleil entame sa chute sur l’océan.

Chauffeurs de taxi, cuisinières, pompistes, vendeurs de coques de téléphone, mototaxis… Plusieurs dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes portent quotidiennement ce signe de ralliement – voire de résistance – aux quatre coins du pays. «Les gens qui le portent se font parfois offrir leur course par un taximan, ou leur café par un vendeur ambulant, c’est un état d’esprit, abonde Saliou Cissé, membre d’une section locale de l’ex-Pastef. Moi-même, il m’arrive de saluer des frères et des sœurs patriotes dans le bus. Il faut le vivre pour le comprendre.»

Pastef ? C’est l’acronyme du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, un mouvement fondé en 2014 par