Sur la corniche dakaroise, ils se retrouvent chaque soir pour faire de la musculation urbaine, en écoutant de la musique nigériane et en parlant de sport et de politique. Parmi cette bande soudée, Diamé Faye, 23 ans, arbore ce soir-là deux bracelets rouge et vert, sur lesquels on peut lire «Sonko 2024» et «Pastef». «J’en ai acheté plusieurs au responsable d’une cellule locale, à 1 000 francs CFA l’unité (environ 1,50 euro) pour supporter et financer le parti», dit-il, les biceps saillants, de la sueur perlant sur le front, entre deux sessions de tractions, alors que le soleil entame sa chute sur l’océan.
Chauffeurs de taxi, cuisinières, pompistes, vendeurs de coques de téléphone, mototaxis… Plusieurs dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes portent quotidiennement ce signe de ralliement – voire de résistance – aux quatre coins du pays. «Les gens qui le portent se font parfois offrir leur course par un taximan, ou leur café par un vendeur ambulant, c’est un état d’esprit, abonde Saliou Cissé, membre d’une section locale de l’ex-Pastef. Moi-même, il m’arrive de saluer des frères et des sœurs patriotes dans le bus. Il faut le vivre pour le comprendre.»