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Le Libé des animaux

Au Sénégal, sur l’île des balbuzards pêcheurs

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Même île, même arbre, même partenaire. Chaque hiver, les rapaces, proches de l’aigle, quittent l’Europe pour une longue migration vers la langue de Barbarie, au large de l’Afrique de l’Ouest. Sur place, des ornithologues bénévoles les recensent.
Ce cousin de l’aigle peut atteindre jusqu’à 1,75 mètre d’envergure, trois fois la longueur de son corps. (Rafa Benjumea)
publié le 23 décembre 2024 à 12h13

Tous les articles du Libé des animaux, en kiosque les 24 et 25 décembre, sont à lire ici.

Vu de la côte, la langue de Barbarie n’est qu’un filet blanc, une mince étendue de plages et de dunes. Puis apparaissent les filaos et les mangroves aux racines en arceaux, à mesure que progresse la pirogue bleu roi qui a quitté ce matin d’octobre le village de Dégou Niaye, 200 km au nord de Dakar. Son tangage soudain, à proximité de l’embouchure du fleuve Sénégal, n’ébranle guère Moussa Niang, dressé sur une cale, jumelles en bandoulière, survêtement remonté aux genoux. Ornithologue bénévole, il se passionne depuis l’enfance pour les oiseaux migrateurs, ses voisins intermittents.

Comme ces pélicans qui colonisent un banc de sable, ou plus loin, ces hérons cendrés à la démarche précautionneuse. Quant à ces bruyants oiseaux blancs à calotte et queue noires qui ondoient au-dessus de l’eau et plongent le bec – pointu et orange vif – le premier, «ce sont des sternes caspiennes» : «De bonnes pêcheuses, mais très agressives pendant la reproduction.» Un ballet familier, aux yeux de Moussa, qui scrute ardemment les lieux à la recherche du «balbu», une sommité de la place. Et l’aperçoit enfin.

«Balbu», pour balbuzard pêcheur, est un rapace pisc