Des dizaines de corps calcinés, recouverts de cendres, incrustés dans la terre brûlée encore fumante : les bombes larguées par l’armée soudanaise sur le marché de Tora, dans la province du Darfour du Nord, auraient fait au moins 270 morts, selon Emergency Lawyers, un groupe d’avocats volontaires qui documente les crimes de guerre commis au Soudan. Les victimes sont des civils dans leur immense majorité. Etant donné l’heure de la frappe – entre 9 heures et 10 heures, lundi 24 mars, selon Emergency Lawyers –, le marché était très fréquenté. Aucune cible militaire n’est visible sur les images macabres de Tora postées sur les réseaux sociaux.
Tora est un «centre commercial très animé», situé à 40 kilomètres au nord d’El-Fasher, la capitale historique du sultanat du Darfour, précise Suliman Baldo, fondateur du think tank Sudan Transparency and Policy Tracker. El-Fasher est la seule grande ville de la région à échapper au contrôle des Forces de soutien rapide (RSF), une unité paramilitaire dissidente dirigée par le général Hemetti, qui est entrée en guerre contre l’armée régulière il y a près de deux ans. Les RSF assiègent la ville depuis mai 2024. Or Tora est situé