C’est une fin d’après-midi de mai dans les steppes arides du sud du Soudan. Des femmes et des filles vêtues de robes aux couleurs vives, seaux d’eau sur la tête, passent devant Amira Madeni. Assise sous un petit tamarinier, elle berce sa fille Amina. Amira, 30 ans, parcourt du regard les rangées de huttes de paille et de bâches qui forment le camp de déplacés. Il y a quelques mois, elle a été forcée de se terrer dans sa petite maison de la banlieue de Khartoum pour se cacher des combattants des Forces de soutien rapide (RSF, selon l’acronyme en anglais), connus pour leurs tortures, leurs viols et leurs tueries. «S’ils vous trouvent, ils prennent votre fille», dit Amira. Il y a quelques semaines, elle et ses enfants ont fui la capitale, située à plus de 700 kilomètres, pour rejoindre les monts Nouba. Comme des centaines de milliers de personnes qui ont cherché refuge ici depuis que la guerre civile a éclaté, il y a plus d’un an.
Les monts Nouba, dans le sud du Soudan, sont connus depuis des siècles comme l’une des régions les plus dangereuses du pays. Ils sont contrôlés par le Mouvement populaire de libératio