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Libération
Reportage

Au Soudan, les monts Nouba, fief historique de la rébellion devenu un refuge épargné par la guerre

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Guerre civile au Soudandossier
Depuis que la guerre civile a éclaté il y a un an, des centaines de milliers de déplacés se sont mis à l’abri des combats dans les montagnes du Sud. La région rebelle, jadis périlleuse, offre une relative sécurité, mais la faim y fait des ravages. Notre envoyé spécial est le premier à y être entré depuis le début du conflit.
Des femmes réfugiées se rassemblent dans le camp de réfugiés de Sobouri, dans l'espoir d'obtenir une aide humanitaire, le 17 mai 2024. (Vincent Haiges)
par Julian Busch, envoyé spécial dans les monts Nouba
publié le 9 août 2024 à 20h36

C’est une fin d’après-midi de mai dans les steppes arides du sud du Soudan. Des femmes et des filles vêtues de robes aux couleurs vives, seaux d’eau sur la tête, passent devant Amira Madeni. Assise sous un petit tamarinier, elle berce sa fille Amina. Amira, 30 ans, parcourt du regard les rangées de huttes de paille et de bâches qui forment le camp de déplacés. Il y a quelques mois, elle a été forcée de se terrer dans sa petite maison de la banlieue de Khartoum pour se cacher des combattants des Forces de soutien rapide (RSF, selon l’acronyme en anglais), connus pour leurs tortures, leurs viols et leurs tueries. «S’ils vous trouvent, ils prennent votre fille», dit Amira. Il y a quelques semaines, elle et ses enfants ont fui la capitale, située à plus de 700 kilomètres, pour rejoindre les monts Nouba. Comme des centaines de milliers de personnes qui ont cherché refuge ici depuis que la guerre civile a éclaté, il y a plus d’un an.

Les monts Nouba, dans le sud du Soudan, sont connus depuis des siècles comme l’une des régions les plus dangereuses du pays. Ils sont contrôlés par le Mouvement populaire de libératio