En tête du petit cortège, une adolescente, l’air ravi du rôle important qui lui a été confié, agite un drapeau soudanais. Une femme hurle sa frustration dans un micro, relayé par un haut-parleur porté à l’épaule : «Le peuple est plus fort. Nous ne reculerons pas. Impossible !» Sous le soleil écrasant de l’après-midi, quelques dizaines de personnes de tous âges défilent dans les ruelles de Bahri, dans la banlieue nord de Khartoum, la capitale. Elles réclament que les militaires remettent le pouvoir aux civils. La scène a tout d’un triste déjà-vu.
«Nous ne pouvons pas arrêter, sinon ce sont eux qui gagnent, dit Iman Hisham, une habitante du quartier vêtue d’un pantalon large, un voile posé sur la tête. Nous n’avons pas d’autre choix que de recommencer. Je continue à croire que cela va marcher, que nous allons les faire tomber. Parce que nous y sommes déjà parvenus une fois, avec des gens beaucoup plus forts.» La jeune mère de famille a grandi sous le régime d’Omar el-Béchir, au pouvoir pendant trois décennies, jusqu’à sa chute en avril 2019, sous la pression de la rue et de l’armée. «J’ai une petite fille de trois ans. Je ne veux pas qu’elle vive sous une dictature