Dans la cour d’une modeste maison de briques, dans la banlieue nord de Khartoum, la capitale soudanaise, au-delà de la zone industrielle, Hana Ousman nous salue d’un «bonjour» hésitant. A 22 ans, un diplôme universitaire en langue française en poche, elle a rejoint les rangs des dizaines de milliers de jeunes diplômés sans emploi que compte le pays. Depuis quelques années, pour sa famille de dix personnes, chaque jour est teinté de la crainte oppressante qu’il soit pire que le précédent. «On s’en sort tant qu’il n’y a pas d’imprévu. Mais si quelqu’un est malade et a besoin de médicaments, ou même s’il faut payer le transport pour se rendre en ville, c’est un problème», dit la jeune femme, un hijab noir sur la tête, baskets aux pieds.
Elle sert le thé et quelques gâteaux sur un tabouret de plastique. Au Soudan, l’hospitalité ne fait pas d’exception. «Parfois, mon père appelle des proches pour leur demander de l’aide, quand nous ne nous en sortons vraiment pas», glisse-t-elle timidement. «Mais avec un bon gouvernement, un gouvernement civil, cela peut s’améliorer, si dieu veut». Sa mère, fatiguée de devoir faire crédit dans les épiceries du quartier, ne partage pas son optimisme. «C’est encore plus difficile que sous Béchir, souffle-t-elle. On ne parvient même plus à acheter du lait. Tout est trop cher.»
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