Le long de la route de l’aéroport, tout juste rouvert aux civils, quelques enfants se poursuivent en plongeant dans le marigot, oasis urbaine de la capitale tchadienne écrasée de chaleur. La rue est si calme qu’on entend parfois s’échapper d’une boutique, la mélopée d’une oraison funèbre : la télévision nationale diffuse en boucle, depuis mardi, un programme religieux en hommage au président Idriss Déby Itno, tué au combat. Le silence de la ville est trompeur. La nuit a été courte, rythmée par les folles rumeurs d’assassinats et d’offensives des troupes rebelles. Les nerfs des N’Djamenois sont à vif, tournés vers le nord, où les troupes du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) se regroupent, et vers le palais présidentiel, bunker adossé au fleuve Chari, siège du nouveau pouvoir.
Le Tchad a vécu une sorte de putsch de continuité. Déby a laissé la place à Déby. Son fils Mahamat, général de 37 ans, a immédiatement pris la tête d’un Conseil militaire de transition de quinze généraux – des fidèles du régime – en dehors de tout cadre constitutionnel. L’Assemblée nationale et le gouvernement ont été dissous. Mahamat Idriss Déby «occupe les fonctions de prés