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Libération
Reportage

Autorisation des OGM : le Kenya passe le cap sans débat

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Le Kenya a décidé en octobre d’autoriser la culture et l’importation d’OGM pour lutter contre l’insécurité alimentaire aggravée par une sécheresse inédite. Une mesure controversée qui pourrait peser sur les petits exploitants.
Michael Maina, devant son champ de maïs, est soucieux de la résistance aux pesticides grandissante des légionnaires d'automne qui infestent sa parcelle.
par Claudia Lacave, correspondante à Nairobi
publié le 24 décembre 2022 à 16h09

Ezekiel Sila regarde son champ, vide, à quelques pas du fleuve Athi, vide également. Cette partie du comté de Machakos au Kenya, dans la banlieue éloignée de la capitale Nairobi, a toujours été très aride et on y cultive habituellement maïs et légumes grâce à l’irrigation. Mais cette année, même le cours d’eau a séché alors que la période des pluies qui se termine tout juste entérine une cinquième saison consécutive en dessous des moyennes de précipitations. «On plante, les graines sèchent et ne germent pas. Mais il faut continuer d’essayer, car on ne sait jamais quand la pluie peut tomber, c’est imprévisible maintenant», raconte l’agriculteur. Dans le groupe d’une dizaine de fermiers de la zone qu’il préside, les expériences sont similaires. L’Afrique de l’Est vit depuis deux ans sa plus longue et intense sécheresse des quarante dernières années et le Kenya estime maintenant à 4,35 millions le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire.

Michael Maina fait partie des chanceux qui disposent d’un puits de forage sur leur exploitation, pompant l’eau souterraine pour irriguer le maïs. Survient alors un autre problème : l’infestation des légionnaires d’automne, une espèce de papillon vorace qui anéantit les récoltes. «A chaque saison, ils sont partout, si on ne pulvérise pas d’insecticides, o