Ezekiel Sila regarde son champ, vide, à quelques pas du fleuve Athi, vide également. Cette partie du comté de Machakos au Kenya, dans la banlieue éloignée de la capitale Nairobi, a toujours été très aride et on y cultive habituellement maïs et légumes grâce à l’irrigation. Mais cette année, même le cours d’eau a séché alors que la période des pluies qui se termine tout juste entérine une cinquième saison consécutive en dessous des moyennes de précipitations. «On plante, les graines sèchent et ne germent pas. Mais il faut continuer d’essayer, car on ne sait jamais quand la pluie peut tomber, c’est imprévisible maintenant», raconte l’agriculteur. Dans le groupe d’une dizaine de fermiers de la zone qu’il préside, les expériences sont similaires. L’Afrique de l’Est vit depuis deux ans sa plus longue et intense sécheresse des quarante dernières années et le Kenya estime maintenant à 4,35 millions le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire.
Reportage
Michael Maina fait partie des chanceux qui disposent d’un puits de forage sur leur exploitation, pompant l’eau souterraine pour irriguer le maïs. Survient alors un autre problème : l’infestation des légionnaires d’automne, une espèce de papillon vorace qui anéantit les récoltes. «A chaque saison, ils sont partout, si on ne pulvérise pas d’insecticides, o