Il a déjà été beaucoup question de têtes coupées, de cœurs arrachés ou de brouettes remplies de morceaux de corps humains aux premiers jours du procès de Kunti Kamara, entamé ce lundi devant la cour d’assises de Paris. Cet ex-commandant de l’Ulimo, un groupe armé actif au Liberia au début des années 90, y est accusé de complicité de crimes contre l’humanité. Il risque la perpétuité, plus particulièrement pour s’être rendu coupable, en 1993 et 1994, de «pratiques massives et systématiques de tortures et d’actes inhumains» dans une province reculée, le comté de Lofa, au nord-ouest de ce pays d’Afrique de l’ouest anglophone.
Dans l’acte d’accusation de ce petit homme frêle et chauve, aujourd’hui âgé de 47 ans, figurent un cœur arraché à coups de hache pour être aussitôt dévoré, une décapitation, des meurtres, les viols répétés de deux adolescentes, ou du travail forcé dans «des conditions inhumaines».
Avant même d’entrer dans le vif des débats, les premières audiences, consacrées au «contexte» des deux guerres civiles libériennes qui vont se succéder entre fin 1989 et 2003, ont constitué une véritable plongée dans une cruauté et une barbarie que les témoins et experts conviés à la barre avaient du mal à totalement expliquer. Même en retraçant le destin de cette nation singulière,