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Analyse

Baisse des arrivées irrégulières en Europe : un «succès» de Frontex au prix de morts toujours plus invisibles

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Migrants, l'hécatombedossier
L’agence a salué la baisse de 38% des franchissements irréguliers des frontières de l’UE en 2024, un niveau inédit depuis quatre ans. Cette diminution découle de politiques migratoires de plus en plus répressives et d’une sous-traitance des contrôles à des pays tiers.
Au port de La Restinga aux Canaries le 22 septembre, 133 migrants, dont 17 mineurs, attendent de débarquer, après avoir été secouru en mer par un navire espagnol. ( Antonio Sempere/AFP)
publié le 16 janvier 2025 à 15h48

Bruxelles, octobre 2004. Le Conseil de l’Union européenne vient de donner naissance à Frontex, une petite agence dotée d’un budget modeste de 19 millions d’euros et seulement 45 agents. Ses missions initiales se limitent alors à l’enregistrement des migrants arrivant en Europe et à la coordination de la gestion des frontières extérieures de l’UE. Vingt ans plus tard, la donne a changé. Frontex s’est muée en une organisation tentaculaire, bras armé de la politique migratoire européenne. Elle dispose aujourd’hui d’un budget de plus de 845 millions d’euros (+4 000% par rapport à l’année de sa création), de systèmes de surveillance ultra sophistiqués (drones, radars, biométrie…) pour le contrôle des frontières, et de 2 000 employés opérant à l’extérieur de son siège. Ce nombre devrait atteindre 10 000 d’ici deux ans. La coopération entre les Etats membres de l’UE et Frontex a encore été renforcée en mai après l’adoption controversée du Pacte européen sur la migration et l’asile.

L’investissement massif commenc