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Libération
Jihadisme

Bénin : 28 soldats tués à la frontière nord dans une attaque jihadiste

L’assaut, qui a visé une base de l’armée béninoise mercredi 8 janvier, dans le nord du pays, a été revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux combattants.
Des militaires béninois à l'entraînement à Ouassa, le 1er septembre. (Adrienne Surprenant/Myop)
publié le 10 janvier 2025 à 17h09

Jamais le Bénin n’avait connu une attaque jihadiste aussi meurtrière. Mercredi 8 janvier, dans la soirée, «28 éléments des forces de défense et de sécurité ont été tués», selon une source militaire béninoise haut placée. L’assaut a été revendiqué vendredi 10 janvier par le Groupe de soutien à l’islam et aux combattants (Jnim, selon l’acronyme de l’organisation en arabe). Dans son communiqué, le Jnim affirme avoir tué «plus de 30 soldats» et avoir mis la main sur des réserves d’armement.

L’attaque a eu lieu dans le nord du pays, au niveau du «triple point», soit la région frontalière avec deux pays voisins, le Niger et le Burkina Faso, selon la même source militaire interrogée par l’Agence France Presse (AFP), qui affirme que «40 assaillants ont été neutralisés». D’après les informations de Radio France Internationale, la position visée était «un site fortifié de l’opération Mirador», le dispositif antiterroriste déployé par l’armée béninoise dans le nord du pays. La base aurait été «attaquée avec des armes puis incendiée».

Les attaques sont de plus en plus fréquentes dans cette zone frontière du Burkina Faso, où l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien pour l’islam et les musulmans (Jnim), affilié à Al-Qaeda, sont implantés. Ces organisations jihadistes font régulièrement des incursions meurtrières dans le nord du Bénin. En décembre, 3 soldats avaient été tués et 4 blessés lors d’une attaque dans le nord-est du pays ; en juin, 7 autres militaires avaient été tués dans le parc national de la Pendjari. Au total, 121 personnels militaires béninois auraient été tués entre 2021 et décembre 2024, selon le décompte d’une source diplomatique à l’AFP.

Dans le nord du Bénin, se trouve le «WAP», complexe transfrontalier partagé entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, et classé au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. Le WAP regroupe trois parcs nationaux protégés : le parc du W, celui d’Arly, et le parc de la Pendjari. C’est à travers ces parcs, dont l’étendue est parfois immense (le parc du W a une superficie de 10 000 km²), difficiles à contrôler, que transitent des trafiquants, mais aussi les groupes jihadistes actifs dans la région. La forêt leur procure une couverture idéale, et leur permet de circuler plus facilement depuis les territoires enclavés du Sahel où ils sont présents, notamment le Mali et le Niger, jusqu’aux pays côtiers.

Le premier coup d’éclat des jihadistes au Bénin était survenu en 2019, quand deux touristes français avaient été kidnappés dans le parc de la Pendjari. Ils avaient été libérés grâce à une opération française, au cours de laquelle deux soldats des forces spéciales ont perdu la vie. Leur guide, lui, avait été retrouvé mort. Depuis, le Bénin a développé des outils de lutte contre le terrorisme. En janvier 2023, le pays s’est équipé du dispositif antiterroriste «Mirador», et a déployé 3 000 soldats dans le nord du pays pour sécuriser ses frontières. Le petit pays d’Afrique de l’Ouest est soutenu depuis 2021 dans sa lutte contre le terrorisme par l’Union Européenne, qui a annoncé lui apporter une aide à hauteur de 35 millions d’euros en juillet 2024, «au titre de la facilité européenne pour la paix». Selon l’Indice mondial du terrorisme en 2024, le Mali, et les voisins du Bénin, le Burkina Faso et le Niger, font partie des dix pays les plus touchés par le terrorisme dans le monde.