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Risques

Blocus jihadiste au Mali : les Etats-Unis et le Royaume-Uni retirent leur personnel non essentiel

«Pénurie de carburant» depuis plusieurs semaines, «fermeture des écoles et universités à travers le pays»… Washington et Londres ont annoncé avoir ordonné à leur personnel «non essentiel» et leur famille de quitter le pays en raison des forts «risques sécuritaires».

Regroupement d'habitants dans une station-service en raison d'une pénurie d'essence à Bamako, au Mali, le 7 octobre 2025. (Idriss Sangare/REUTERS)
Publié le 31/10/2025 à 13h00, mis à jour le 31/10/2025 à 13h01

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé l’évacuation du Mali de leur personnel «non essentiel» et de leurs familles en raison de «risques sécuritaires», alors que Bamako subit un blocus jihadiste sur les importations de carburant. Le département d’Etat américain leur a «ordonné» de quitter le pays, indique depuis jeudi le site internet de conseil aux voyageurs américains.

Cette décision a été suivie par le gouvernement du Royaume-Uni, qui a fait savoir sur son site jeudi que le «personnel non essentiel de l’ambassade britannique a été évacué temporairement de Bamako».

Mardi, l’ambassade des Etats-Unis avait déjà exhorté ses ressortissants à «quitter immédiatement» le pays par des vols commerciaux. Elle soulignait que «la pénurie de carburant, la fermeture des écoles et universités à travers le pays», et «le conflit persistant entre le gouvernement malien et des éléments terroristes près de la capitale Bamako aggravent la nature imprévisible de la situation sécuritaire».

La décision américaine a été suivie par d’autres pays comme l’Italie, l’Allemagne, le Canada ou encore l’Espagne qui ont également invité leurs ressortissants à quitter le pays.

Embuscades

Depuis le mois de septembre au Mali, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affilié à Al-Qaeda, s’attaque aux camions-citernes de carburant venant notamment du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, par où transite la majorité des biens qu’importe le Mali.

Selon le Jnim, le blocus est une mesure de représailles à l’interdiction par les autorités maliennes de la vente de carburant hors stations en milieu rural, où le carburant est transporté dans des jerricanes pour être vendu ensuite. La mesure avait pour but d’assécher les moyens d’approvisionnement des jihadistes, selon les autorités.

Malgré les escortes de l’armée, plusieurs camions ont été incendiés, des chauffeurs et militaires tués ou enlevés dans des embuscades jihadistes.

Alors que le blocus se fait ressentir depuis deux semaines dans la capitale, l’économie de ce pays du Sahel enclavé tourne au ralenti et le quotidien des habitants est devenu extrêmement difficile.

Depuis 2012, le Mali fait face à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaeda et à l’Etat islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Elle s’ajoute à une grave crise économique. La junte au pouvoir depuis deux coups d’Etat en 2020 puis 2021 peine à endiguer les attaques jihadistes sur le terrain.