Ce n’est pas ce dimanche 5 janvier que les relations, déjà très froides, entre la France et l’Algérie vont se réchauffer. Invité du Grand Jury sur RTL, le chef de la diplomatie français Jean-Noël Barrot a exprimé ses «doutes» sur la volonté d’Alger de respecter la feuille de route des relations bilatérales franco-algériennes. Et a répété ses préoccupations concernant le cas de l’écrivain Boualem Sansal.
«Nous avons en 2022 […] rédigé une feuille de route […], nous tenons à ce (qu’elle) puisse être suivie, a déclaré le ministre des Affaires étrangères. Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux.»
Jean-Noël Barrot s’est aussi déclaré, «comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée». Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, né d’un père d’origine marocaine et d’une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’Etat et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre. «Je suis préoccupé par son état de santé et […] la France est très attachée à la liberté d’expression, la liberté d’opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l’incarcérer ne sont pas valables», a relevé Jean-Noël Barrot.
Plusieurs épisodes de tensions
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait évoqué pour la première fois dimanche 29 décembre l’arrestation de l’écrivain à la mi-novembre à Alger, le qualifiant d’«imposteur» envoyé par la France. L’auteur de 2084 : la fin du monde, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal, qui sanctionne «comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions».
«Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie […] mais ce n’est pas le cas aujourd’hui», a regretté Jean-Noël Barrot. Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé aux propositions marocaines concernant le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.
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Le ministère algérien des Affaires étrangères avait également convoqué en décembre l’ambassadeur de France à Alger pour adresser «une sévère mise en garde» à Paris, accusé d’avoir mené «des opérations manœuvres agressives» pour «déstabiliser» le pays. L’ambassadeur Stéphane Romatet s’était vu «signifier la ferme réprobation des plus hautes autorités algériennes face aux nombreuses provocations et actes hostiles français en direction de l’Algérie», avait à l’époque écrit le quotidien gouvernemental El Moudjahid.