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Attaques

Burkina Faso : deux employés de MSF tués, les violences contre les civils se multiplient

Mercredi, un véhicule de l’ONG «clairement identifié» a été attaqué dans le nord-ouest du pays, tandis que six autres personnes ont été tuées dans un assaut mené contre un village du Centre-Est.
A la frontière entre le Ghana et le Burkina Faso, le 6 décembre. (Nipah Dennis/AFP)
publié le 9 février 2023 à 15h02

Au Burkina Faso, les violences contre les civils redoublent d’intensité. Deux employés de Médecins sans frontières (MSF) ont été tués mercredi dans une attaque perpétrée par des hommes armés dans le nord-ouest du Burkina Faso. «Il s’agit d’une attaque délibérée et intentionnelle sur une équipe humanitaire clairement identifiée, dans le cadre de sa mission médicale», dénonce la Dr Isabelle Defourny, présidente de MSF.

«Dans la matinée du mercredi 8 février, un véhicule de Médecins sans frontières, clairement identifié, transportant une équipe médicale de quatre personnes sur la route entre Dédougou et Tougan, a été pris pour cible par des hommes armés qui ont fait feu sur l’équipage. Deux employés ont été tués, tandis que deux autres ont réussi à prendre la fuite», rapporte l’ONG dans un communiqué. Les deux victimes étaient de nationalité burkinabè. L’un travaillait comme chauffeur, l’autre comme superviseur logistique. Ils étaient âgés de 39 et 34 ans respectivement et travaillaient pour l’organisation depuis juillet 2021 et juin 2020. Les membres de MSF sont «bouleversés et indignés par cet assassinat», a commenté Isabelle Defourny.

La route Dédougou-Tougan est l’un des axes principaux de la Boucle du Mouhoun, une région passée aujourd’hui en partie – en tout cas pour les zones rurales – sous le contrôle d’Ansarul Islam, un mouvement islamiste armé affilié à Al-Qaeda. A Tougan, une zone particulièrement difficile d’accès, MSF effectuait des soins de santé primaire et de santé mentale. Les médecins envoyaient parfois leurs patients à l’hôpital de Dédougou, mieux équipé, à une centaine de kilomètres au sud. C’est sur cette route, déjà empruntée par les équipes de l’ONG par le passé, que le véhicule a été attaqué.

Les exactions se multiplient

Le même jour, à l’aube, le village de Békouré, près de la frontière ghanéenne, à l’autre bout du pays, a également été pris pour cible. «Trois civils et trois Volontaires pour la défense de la patrie [VDP, supplétifs civils de l’armée, ndlr] ont été tués lors de l’attaque qui a duré plusieurs heures», a rapporté un habitant. Des maisons ont été incendiées par les assaillants, selon le même témoin. L’attaque n’a pas été revendiquée, mais l’implication des groupes jihadistes ne fait guère de doute.

Ces jours-ci, la liste des victimes du jihad au Burkina Faso s’allonge à un rythme effroyable. Lundi, déjà, six civils avaient été assassinés dans le département de Dassa par des «hommes armés non identifiés», avait annoncé le gouverneur de la région du Centre-Ouest. Près de 300 personnes ont perdu la vie dans des attaques attribuées aux insurgés depuis le début de l’année. Pour la seule semaine passée, une cinquantaine de personnes ont péri au total dans des assauts, dont 31 (22 civils et neuf membres des forces de défense et de sécurité) dans une commune du nord du pays, Bani, samedi dernier. Les insurgés, arrivés à moto, «ont ciblé le commissariat de police, la mairie et une école», a raconté un habitant.

Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition issu d’un coup d’Etat militaire le 30 septembre 2022 – le deuxième en huit mois – s’est donné pour objectif «la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes». Pour y parvenir, il mise notamment sur le recours aux miliciens villageois, ces 50 000 Volontaires pour la défense de la patrie qu’il compte recruter, équiper et déployer face aux mouvements jihadistes.