Trente-cinq ans après l’assassinat du Président Thomas Sankara lors du putsch de 1987, la responsabilité de son successeur, Blaise Compaoré est reconnue par la justice. Ce dernier a refusé de comparaître et a été condamné ce mercredi à la prison à perpétuité par le tribunal militaire de Ouagadougou. Le verdict a été accueilli par des applaudissements dans la salle.
Le 15 octobre 1987, le «Che Africain» Thomas Sankara a été assassiné avec douze de ses hommes en pleine réunion par un commando qui s’est introduit au siège du Conseil national de la Révolution (CNR). C’est son ami, son frère d’armes et bras droit, Blaise Compaoré qui a pris le pouvoir, dans ce qui apparaîtra toujours comme une trahison fratricide.
Perpétuité pour deux autres responsables
Le procès très attendu avait démarré en octobre 2021 et s’était poursuivi en janvier 2022. Près d’une centaine de témoins ont été entendus à la barre.
Le tribunal militaire de Ouagadougou a également condamné à la perpétuité le commandant de sa garde Hyacinthe Kafando et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987. Blaise Compaoré, en exil depuis 2014 en Côte d’Ivoire, et Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016.
Reportage
Les trois hommes sont condamnés pour «attentat à la sûreté de l’Etat». Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont également reconnus coupables de «complicité d’assassinat» et Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara, d’«assassinat». Les juges sont allés au-delà des réquisitions du Parquet militaire qui avait demandé jusqu’à 30 ans de prison. Huit autres accusés sont condamnés à des peines allant de trois ans à vingt ans de prison. Trois accusés, enfin, ont été acquittés.
Blaise Compaoré s’était réfugié en Côte d’Ivoire où il vit actuellement. En octobre 2014, les Burkinabès l’avaient forcé en 48 heures à quitter le pouvoir, malgré une sanglante répression. Naturalisé ivoirien à son arrivée, le dictateur déchu est aujourd’hui âgé de 71 ans.