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Reportage

Burkina Faso : «Thomas Sankara nous a montré qu’il fallait se battre»

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Libé Afriquedossier
Trente-quatre ans après l’assassinat du président, les Burkinabés continuent de vanter sa rigueur et ses politiques sociales qui ont marqué durablement le pays.
(FILES) In this file photo taken on February 7, 1986 Captain Thomas Sankara, President of Burkina Faso, gives a press conference in Paris. - Burkina Faso's former president Blaise Compaore, the main accused in a long-awaited trial on the 1987 assassination of his predecessor Thomas Sankara, will boycott the upcoming proceedings, his lawyers said on October 7, 2021. (Photo by PASCAL GEORGE / AFP) (Pascal George/AFP)
publié le 11 octobre 2021 à 5h00

Une barre d’acier calée sur l’épaule droite, un bloc de pierre dans la main gauche, un homme marche, menton levé. La statue de bronze perchée sur le rond-point de la Bataille du rail, à Ouagadougou, fige un chantier emblématique de la révolution démocratique et populaire incarnée par Thomas Sankara de 1983 à 1987 : le chemin de fer Ouagadougou-Tambao. Un grand projet censé désenclaver le nord-est sahélien frontalier avec le Mali et le Niger, mais snobé par les bailleurs de fonds. Alors, l’iconoclaste Sankara a mobilisé. Des paysans, des fonctionnaires… «C’est tout le pays qui a construit le rail. A la main, sans machines ! narre avec admiration Ilias, cordonnier, en suspendant comme chaque matin des dizaines de ceintures devant son échoppe qui fait face au monument. Ils nous ont montré qu’il fallait se battre, travailler dur.»

«Pugilat judiciaire»

Le travail, c’est ce que Rachel Bassolé, retraitée, retient aussi de Sankara. «Il travaillait bien et faisait bien travailler les Burkinabés. On s’organisait, on nettoyait les rues. Il a transformé des bas quartiers.» La cité An III, où elle a emménagé en 1987 avec son mari cheminot, se compose de villas de type F4 et de petits immeubles ocre de deux étages. Comme de nombreux autres quartiers de la capitale (cités An II, An IV, 1 200 Logements, cité de l’Avenir), elle résulte de politiques d’aménagement du territoire et de construction de logements sociaux jusqu’alors inédits. Des milliers de fonctionnaires ont accédé à la propriété