A l’annonce du triomphe électoral d’Idriss Déby Itno, les tirs de joie des militaires ont déchiré la nuit de N’Djamena lundi. Cette année, pour saluer son sixième mandat, ils étaient même plus nourris que d’habitude. «Ils sont féroces, ce soir», glissait un homme en boubou brun, sorti dans une ruelle pour fumer au frais une cigarette après la rupture du jeûne de ramadan. Pendant de longues heures, les coups de feu ont claqué dans la ville. Pistolets, fusils automatiques, armes lourdes… Ses partisans fêtaient sans doute, aussi, la bataille remportée par l’armée tchadienne dans le désert du Kanem, à 500 kilomètres au nord, sur les colonnes rebelles qui progressaient ces derniers jours en provenance de la Libye.
Idriss Déby a-t-il entendu le son des balles tirées en son honneur ? Ou bien était-il déjà mort à 21 heures, quand la commission électorale a proclamé son plébiscite au premier tour du scrutin, avec 79 % des voix ? Le président tchadien, qui régnait sur le pays d’une main de fer depuis trois décennies, a été blessé au front le jour même. Fidèle à son habitude, le guerrier Déby, élevé au rang de maréchal l’été dernier, s’était rendu au Kanem pour encourager ses troupes.
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Les circonstances de sa blessure ne sont pas encore connues. A-t-il été touché par un éclat, comme le racontaient certains soldats de retour