A 17 heures, jeudi, sur la partie du campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar dédiée aux logements étudiants, tout est calme, silencieux. La veille, Ousmane Sonko, l’un des leaders de l’opposition, a appelé à un concert de casseroles à 20 heures tapantes. Le contexte politique est tendu. Sonko a renoncé in extremis à ordonner une troisième manifestation de protestation contre l’invalidation des listes électorales de la coalition d’opposition, Yewwi Askan Wi, pour les élections législatives à la fin du mois. Il figurait en tête de la liste écartée.
Flux et reflux d’étudiants sous le soleil de fin d’après-midi. Certains gravitent autour d’un autre point jaune immobile : Princesse porte un débardeur jaune soleil et vend des boissons au gingembre-citron. Autour de la vendeuse, un petit groupe débat, penché sur un journal qui titre en rouge : «Yewwi rétropédale». En wolof, les jeunes parlent stratégie militante, casseroles et proverbe chinois, l’un pointe du doigt les fenêtres du Pavillon J où sèchent des chaussettes, des polos et des soutiens-gorges.
«Si on veut le faire taire, c’est qu’il dérange»
«Nous, nous sommes la majorité silencieuse