Pour la jeunesse de Rabat, le café Viking ressemble à un refuge hors du temps. Ornés de tableaux jaunis, ses murs en bois sombre accueillent aussi des animaux empaillés qui veillent silencieusement sur les clients. Les volutes de cigarette se mêlent au parfum chaud du thé à la menthe. Une horloge à chiffres romains, massive et solennelle, indique 17 heures. Les étudiants viennent à peine de quitter les cours, certains discutent à voix basse tandis que d’autres scrollent sur les réseaux sociaux, AirPods vissés aux oreilles.
Ici, les habitués ont entre 20 et 30 ans. Le Viking est pour eux l’un des derniers lieux de la capitale où l’on peut exister à sa manière, sans regard pesant ni mot de travers. Mèches décolorées, tatouages, baskets usées : cette jeunesse marocaine qui revendique sa différence incarne la «Génération Z», ces 8,2 millions d’individus nés entre le début des années 90 et le début des années 2010. Hyperconnectés, élevés au rythme des stories Instagram et de la mondialisation, ils sont à l’origine du vent de révol