Menu
Libération
Reportage

«Ce système a tué mon père» : au Maroc, les rêves brisés de la «Génération Z»

Réservé aux abonnés

Ultra-connectée et informée, la jeunesse marocaine fait aujourd’hui entendre sa colère. Fatiguée des promesses non tenues, elle réclame une éducation digne, un système de santé accessible et la fin d’un pays à deux vitesses.

La «Gen Z» est à l’origine du vent de révolte qui souffle sur le Maroc depuis le 27 septembre. (Mouad Zerhouni/Libération)
ParLéa Masseguin
envoyée spéciale à Rabat (Maroc)
Publié le 25/10/2025 à 17h43

Pour la jeunesse de Rabat, le café Viking ressemble à un refuge hors du temps. Ornés de tableaux jaunis, ses murs en bois sombre accueillent aussi des animaux empaillés qui veillent silencieusement sur les clients. Les volutes de cigarette se mêlent au parfum chaud du thé à la menthe. Une horloge à chiffres romains, massive et solennelle, indique 17 heures. Les étudiants viennent à peine de quitter les cours, certains discutent à voix basse tandis que d’autres scrollent sur les réseaux sociaux, AirPods vissés aux oreilles.

Ici, les habitués ont entre 20 et 30 ans. Le Viking est pour eux l’un des derniers lieux de la capitale où l’on peut exister à sa manière, sans regard pesant ni mot de travers. Mèches décolorées, tatouages, baskets usées : cette jeunesse marocaine qui revendique sa différence incarne la «Génération Z», ces 8,2 millions d’individus nés entre le début des années 90 et le début des années 2010. Hyperconnectés, élevés au rythme des stories Instagram et de la mondialisation, ils sont à l’origine du vent de révol