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Prison

Centrafrique: un Français détenu depuis un an et demi entame une grève de la faim

Arrêté mi-mai 2021, Juan Rémy Quignolot est accusé «d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État», de «complot» et d’«espionnage», dans un contexte de tensions persistantes entre Paris et Bangui.
Un soldat dans une prison de Bangui, en mars 2014. (Siegfried Modola/Reuters)
publié le 11 septembre 2022 à 16h03

Une grève de la faim pour dénoncer sa «détention illégale» en Centrafrique. Interpellé le 10 mai 2021 à Bangui et emprisonné depuis, le Français Juan Rémy Quignolot a cessé de s’alimenter ce dimanche pour protester contre son incarcération. Il est notamment accusé «d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État», de «complot» et d’«espionnage», dans un contexte de tensions persistantes entre Paris et Bangui. Son maintien en détention provisoire va par ailleurs au-delà du délai légal d’un an, selon son avocate Arlette Sombo Dibelé.

«Il sera jugé lors de la prochaine session criminelle en octobre», assure Eric Didier Tambo, procureur général près la Cour d’appel de Bangui, sans s’exprimer quant au maintien en détention au-delà d’un an, qui doit être notifié par une ordonnance d’un juge ou d’une chambre chargés de l’instruction le cas échéant. Son avocate dénonce une «détention provisoire» qui s’apparente à une «séquestration», martelant qu’aucune ordonnance motivée de maintien en détention n’a été notifiée.

Prêt à aller «jusqu’au bout»

Juan Rémy Quignolot a donc entamé une grève de la faim durant laquelle il se dit prêt à aller «jusqu’au bout» pour «protester contre l’inertie de son propre pays, la violation de ses droits et de la loi centrafricaine», a affirmé au téléphone depuis la France sa sœur, Caroline Quignolot. Pour l’instant, il ne cesse que de s’alimenter, avant de «cesser également de s’hydrater dans 15 jours si rien n’a changé». Ni le gouvernement ni le procureur, sollicités par l’AFP, n’ont répondu dimanche après-midi sur le début effectif d’une grève de la faim de Juan Rémy Quignolot.

Que faisait cet ancien militaire en Centrafrique ? Juan Rémy Quignolot avait travaillé ponctuellement comme garde du corps pour plusieurs organisations dans le pays, selon des sources humanitaires.

Des photos de son arrestation, en mai 2021, avaient été diffusées sur les réseaux sociaux, le montrant les mains liées dans le dos, un important arsenal à ses pieds. Le gouvernement l’avait alors accusé de détenir chez lui «une énorme quantité d’armes de guerre».

Paris avait alors dénoncé cette médiatisation comme une «instrumentalisation manifeste» visant «la présence et l’action de la France», accusant implicitement la Russie qui, depuis 2018, défie son influence dans ce pays parmi les plus pauvres du monde. La Centrafrique a pris son indépendance de la France en 1960. L’Assemblée nationale ayant aboli la peine de mort en mai 2022, Juan Rémy Quignolot risque les travaux forcés à perpétuité.