La petite boîte remplie de pilules contient trois mois de traitement, et de tranquillité d’esprit. Ce matin, Philile Dlamini est venue collecter ses médicaments antirétroviraux (ARV). Lorsqu’elle les glisse dans son sac, elle se sent soulagée. Elle n’était pas certaine qu’ils seraient disponibles ou si elle devrait payer pour les obtenir. Avec le peu qu’elle gagne en vendant des bonbons au bord d’un chemin de terre, devant une école, elle aurait dû repartir les mains vides. Depuis l’annonce de l’arrêt des financements américains de l’aide internationale, elle se sent en sursis : «Quand j’ai lu la nouvelle, j’ai vérifié les conditions de mon assurance-vie.» Mère de quatre enfants, séropositive, elle est sous traitement depuis vingt ans.
L’Eswatini, petit pays d’Afrique australe – anciennement nommé Swaziland – coincé entre le Mozambique et l’Afrique du Sud, est connu pour son roi excentrique, Mswati III, dernier monarque absolu d’Afrique, et pour son taux de prévalence du sida, le plus élevé de la planète : parmi sa population d’un peu plus d’1 million d’habitants, un quart des adultes vivent avec le VIH. «Le VIH a décimé la population. Les gens étaient infectés, souvent pas diagnostiqués, ils tombaient malades et ils mouraient. En 2004, l