Sous les lambris de l’Hôtel Peninsula, à deux pas de la Place de l’Etoile à Paris, un rendez-vous très discret avait été fixé mardi soir : trois anciens officiers et un ex-diplomate, tous Français, étaient invités à rencontrer le président rwandais Paul Kagame. Dans le hall, personne ne prêtait attention aux silhouettes masquées qui se saluaient avec une pudeur de geishas. Mais aussitôt installés dans une immense salle de réunion, haute comme une nef de cathédrale, les visages se sont découverts et l’émotion fut d’emblée perceptible.
Car tous étaient conscients de vivre un moment particulier, au croisement des destins personnels et de l’histoire. Celle qui a conduit au génocide des Tutsis en 1994. Pendant cette période, les convives de cette réunion n’étaient pas dans le même camp. Du moins officiellement.
Pour rappel, au début des années 90, Paris s’engage militairement aux côtés du régime rwandais, confronté à une rébellion armée, le Front Patriotique Rwandais (FPR), dirigée par un certain Paul Kagame. Deux des officiers présents mardi au Peninsula assumaient des responsabilités à l’époque. Le général Jean Varret était à la tête de la coopération militaire française à Paris de 1990 à 1993. Et sur place, le colonel René Galinié était l’attaché militaire depuis 1988, et commandant de l’opération Noroit, déclenchée en